L’alimentation ayurvédique : fondements et applications

L’Ayurvéda est une médecine traditionnelle indienne, qui signifie, en sanskrit, la « connaissance de la vie ». Elle consiste à équilibrer le corps et l’esprit en s’adaptant à l’environnement. Cette science ancestrale considère que le corps humain est organisé selon 4 piliers : les doshas (énergies), les dhatus (tissus), l’agni (le feu digestif), les malas (les déchets). Un sujet en bonne santé a son agni qui fonctionne correctement : ce qui est ingéré est bien absorbé par les dhatus, puis bien éliminé avec les malas. Tout cela permet d’équilibrer les doshas. Et c’est ici que l’alimentation joue un rôle primordial : la manière de se nourrir est perçue comme un moyen de prévenir et soigner les dysfonctionnements du corps. Quels sont les principes de base de l’alimentation ayurvédique ? Comment connaître et reconnaître les doshas trop forts ou trop faibles dans votre métabolisme ? Quelles sont les recommandations adaptées à chaque constitution ? Venez découvrir ce que l’Ayurvéda peut changer dans vos assiettes !

Intégrer les principes fondamentaux de l’alimentation en Ayurvéda

De la même manière que le yoga peut soigner certaines douleurs et maux quotidiens, l’Ayurvéda favorise une digestion harmonieuse. Pour cela, l’estomac doit être rempli d’⅓ de solide, d’⅓ de liquide, d’⅓ de vide, afin de fortifier l’agni.

Les 8 piliers de l’alimentation ayurvédique : consommer sainement

L’Ayurvéda recommande 8 règles pour choisir ses aliments :

• L’origine : achetez des denrées locales, fraîches et mûres ;

• La période : adaptez vos recettes en fonction des saisons, du moment et de l’âge ;

• La qualité : cuisinez à partir de produits bruts ;

• La quantité : ne mangez ni trop, ni trop peu ;

• La combinaison : ne mélangez pas des aliments qui ingérés ensemble affaiblissent la digestion (le chaud avec le froid par exemple) ;

• La préparation : privilégiez la cuisson, un aliment chauffé se digère plus facilement ;

• La dégustation : mangez lentement, assis et dans le calme.

Ensuite, l’Ayurvéda classifie les aliments par goût.

Les 6 goûts de l’Ayurvéda : comprendre les principes de l’alimentation

Chaque goût, relié à 2 éléments, a une fonction dans le métabolisme et sur l’humeur.

1. le doux (l’eau et la terre) regroupe la plupart des céréales, le sucre, les produits laitiers, la majorité des nourritures animales, les pommes de terre, carottes, betteraves, courges, concombres, fruits ;

2. l’acide (la terre et le feu) englobe le citron, le vinaigre ou la tomate ;

3. le salé (l’eau et le feu) compte le sel, les noix et la plupart des plats industriels ;

4. le l’acre (le feu et l’air) se trouvent dans le poivre, le gingembre ou les radis ;

5. l’amer (l’air et l’éther) est présent dans les légumes à feuilles vertes ou les herbes aromatiques ;

6. l’astringent (l’air et la terre) désigne les fruits peu mûrs, les légumineuses ou le tofu.

Un repas doit commencer la phase sucrée, se continuer par la phase acide et s’achever par l’amer et l’astringent.

Déterminer son profil ayurvédique : l’équilibre des trois doshas

Une fois ces principes communs établis, il est nécessaire d’avoir une idée de votre profil ayurvédique pour identifier vos doshas (énergies) prédominants. Les doshas sont au nombre de trois : Vata, Pitta et Kapha et s’équilibrent différemment chez chacun.

Vata : le mouvement, la créativité et la chaleur

Vata est l’énergie du mouvement. Connecté à l’air et à l’éther, ce dosha se retrouve chez les individus de constitutions minces, aux muscles longs et veines saillantes. Adaptables et créatifs, les profils Vata aiment la chaleur, sont bavards et dorment d’un sommeil assez léger. Cette énergie contrôle la circulation, la respiration, la mémoire, l’action et la compréhension. Très lié aux sensations corporelles, ce dosha siège dans le côlon. Avec un appétit variable et une digestion irrégulière, les individus Vata aiment l’acide (qui favorise la digestion), le salé (qui fortifie le métabolisme) et le sucré (qui calme la tension nerveuse). Ils évitent l’âcre en cas d’anxiété, l’amer qui pousse au pessimisme, l’astringent qui limite les flux sanguins.

Pitta : la transformation, l’intelligence et le perfectionnisme

Pitta est le dosha de la transformation. Associé à l’eau et au feu, Pitta est souvent présent chez les individus sportifs et musclés. Les profils Pitta sont doués d’une bonne acuité mentale, préfèrent le froid au chaud, profitent d’un sommeil réparateur. Pitta contrôle la digestion, la température du corps, la coloration de la peau, la vue, l’intelligence et la confiance en soi. Son siège est dans l’estomac et l’intestin grêle. Dotés d’un appétit solide, les profils Pitta aiment le sucré (qui réconforte), l’amer (qui pacifie leur digestion) et l’astringent (qui rafraîchit leur feu intérieur). Ils se détournent des goûts âcres (qui contrarient leur digestion), salés (qui retiennent l’eau) et acides (qui favorisent leur jalousie).

Kapha : la substance, la stabilité et la solidité

Kapha est le dosha de la substance. Relié à la terre et à l’eau, il s’incarne dans les constitutions vigoureuses, aux ossatures larges. Généralement sédentaires, les profils Khapa se meuvent lentement et tendent à prendre du poids. Ces grands dormeurs sont des sujets paisibles et calmes. L’énergie Kapha contrôle l’immunité du corps, sa lubrification, le goût et la stabilité. Son siège est dans l’estomac et la poitrine. Avec un appétit réduit mais régulier, les Kapha ont besoin de l’âcre (pour s’échauffer), de l’amer (pour éveiller la conscience) et de l’astringent (pour s’alléger). Ils n’abusent pas de l’acide (en cas de rétention d’eau ou du mucus), du salé (qui entraîne une dépendance) ou du sucré (qui incite à la léthargie).

Si vous vous êtes reconnus dans ces descriptions, il est temps à présent d’adapter votre alimentation à ce qui peut pécher d’un côté ou de l’autre.

Adapter son alimentation aux doshas prédominants

Lorsqu’une énergie est mal équilibrée et trop forte dans le corps, on « pacifie » le dosha.

Pacifier Vata : l’acre, l’amer et l’astringent pour retrouver la sérénité

Quand votre Vata est trop élevé, vous peinez à vous concentrer, vous dormez mal et devenez hypersensible. Peut-être êtes-vous sujets aux rhumes et infections urinaires. Pour pacifier votre Vata, privilégiez des repas chauds et crémeux, consommez des boissons chaudes et misez sur les graisses et les céréales (blé, riz blanc, quinoa). Les soupes dégustées dans le calme seront idéales. Ayez la main lourde sur les huiles, ne vous privez pas des produits laitiers. Évitez les jeûnes, les repas irréguliers et les crudités. Consommez du gingembre frais ou du yaourt faiblement salé (oui oui). Bannissez de votre alimentation les céréales complètes, les choux, les noix, la caféine et les fruits astringents. Cuisez vos légumes et assaisonnez-les avec des épices et des herbes. Privilégiez les fruits sucrés et acides (comme le kiwi). Ce régime vous permettra de contenir Vata et de rester globalement serein.

Pacifier Pitta : le sucré, l’amer et l’astringent pour calmer le feu intérieur

Quand Pitta est trop élevé, vous vous retrouvez submergé par des émotions intenses. Vous devenez irritable, susceptible et transpirez abondamment. Parfois, vous souffrez de brûlures d’estomac. Le régime Pitta purifie le sang, réduit la chaleur et l’acidité corporelle. Il préconise l’abondance de fruits et légumes et la réduction des matières grasses. Il est recommandé de faire quatre petits repas par jour, en évitant les aliments trop chauds ou les thés brûlants. Les céréales sont de préférence complètes, les légumes ne doivent pas être trop salés et les légumineuses gagnent à être assaisonnées de menthe, de coriandre ou même d’eau de rose. Privilégiez les fruits sucrés et rafraîchissants (abricots, myrtilles, prunes) pour retrouver une certaine stabilité.

Pacifier Kapha : l’acre, l’amer et l’astringent pour lutter contre la léthargie

Quand Kapha prédomine, l’immobilité s’installe, la somnolence s'accroît. Cela entraîne parfois un manque de motivation, une sensation de paresse et une altération du goût et de l’odorat. Il est possible d’avoir des sinusites répétées ou le nez bouché. Dans la diète Kapha, le jeûne est conseillé. L’objectif est de manger moins, d’écarter les aliments lourds et les céréales. Consommez les produits laitiers avec modération. Les légumineuses sont particulièrement recommandées pour leur pouvoir astringent. Assaisonnez vos légumes de gingembre, poivre ou curcuma. Évitez le sel et le sucre, mais faites-vous plaisir avec des thés et tisanes épicées qui raviveront votre feu.

Ce que nous enseigne l’Ayurvéda et les croyances indiennes en général, c’est qu’il en va des principes de l’alimentation comme du reste : tout est une question d’équilibre. Équilibre des énergies, des goûts, des matières. Quasiment rien n’est proscrit, tout est histoire de mesure pour équilibrer les forces en fonction de vos moments de vie, de votre âge, de votre santé. Tous les goûts doivent se retrouver dans l’assiette mais c’est le dosage de chacun qui permet une amélioration de l’état de corps général. En outre, selon l’hygiène de vie ayurvédique, les efforts alimentaires doivent être associés à une pratique physique (le yoga) et psychique (la méditation).